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mardi 8 décembre 2009

'Festive season'! - la saison des fêtes


Le 17 octobre les Indiens, ou plutôt les hindous, célébraient Diwali, tandis que le 14 novembre, l'Inde toute entière fêtait l'anniversaire d'un des héros de son indépendance, Jawaharlal Nehru. Nous allons donc vous présenter ces fêtes et la façon dont les enfants les ont célébrées.

Les fêtes, religieuses comme civiles, sont très fréquentes en Inde, où elles sont généralement désignées comme « festival ». En effet, aux fêtes « laïques » telles que l’Indépendance, l’anniversaire du Mahatma Gandhi, etc., s’ajoutent les fêtes des différentes religions que compte l’Inde. Fêtes hindoues, musulmanes, sikhes, chrétiennes… La période qui va de la fête de l’indépendance (le 15 août) à Noël est particulièrement chargée en fêtes et on parle généralement de la ‘festive season’, d’autant plus que c’est également la période privilégiée des mariages ‘shaadi season’, notamment du fait des températures plus clémentes.

Diwali est une de ces nombreuses fêtes, elle peut marquer différentes choses selon les sectes hindoues, les familles, et les régions. Cette fête commémore d’une façon générale, la victoire du bien sur le mal, de la lumière sur les ténèbres. C’est pourquoi de petites lanternes ou bougies, les ‘diyas’ sont allumées. Pour beaucoup d’hindous, diwali marque un épisode du Ramayana (une des grandes épopées hindoues). De façon très résumée, cette épopée raconte comment Sita, la femme de Rama (un des avatars de Vishnu…) a été enlevée par Ravana, un démon, qui l’a emmenée à Lanka. Par la suite, Rama, aidé de son frère et d’un singe, Hanuman, tue Ravana, et ramène son épouse à Ayodhya. C’est leur retour que Diwali commémore. Mais pour certains hindous, c’est avant tout la fête de Lakshmi, déesse de la fortune. Il faut donc nettoyer sa maison, et faire une cérémonie afin d’attirer Lakshmi, et donc la fortune… En tous, les cas, c’est une fête très lumineuse, mais aussi très bruyante, car les Indiens n’apprécient rien de plus que de célébrer cela à coup de pétards et de feu d’artifice. Une des visions les plus surréalistes que Delhi peut offrir est une balade au petit matin qui suit Diwali, la ville est alors couverte de la poussière des pétards…
Les 'diyas' de Diwali

Pour la première fois de leur vie, les petites filles ont pu fêter Diwali en utilisant des "crackers", des petits feux d'artifices. Jusqu'à présent, chaque année, les petites filles regardaient jalousement leurs voisines faire éclater des feux d'artifices et autres pétards. Il ne manque qu'une des 14 petites filles, très malade, qui est partie se faire soigner à Bombay.

Les fêtes « laïques » sont un peu moins ferventes, mais néanmoins célébrées notamment par les écoliers, qui travaillent généralement sur ce sujet dans leur cadre de leurs cours. Le culte de Nehru et Gandhi (les pères de l’indépendance) est par ailleurs très répandu en Inde, et encouragé par toutes sortes de fondations, musées. Les petites filles ont appris ce 14 novembre la vie de Nehru et sa contribution à l'indépendance de l'Inde. Ce jour-là est un jour national, le jour des enfants. A l'école, l'école n'a eu lieu que la matinée, et à la place des cours habituels, les filles ont eu des explications autour de Nehru, et ont pu faire ensuite des danses et du sport.

In English:


On October 17 Hindus celebrate Diwali, and on November 14, the whole country celebrates the birthday of one of its heroes of independence, Jawaharlal Nehru. We are giving you some information about the way the children participate in these festivities.


Religious holidays, like secular ones, are frequent in India where they are generally called “festivals”. In addition to the non-religious ones, like Independence Day, the birthday of Mahatma Gandhi etc. are those associated with the different religions: Hindu, Muslim, Christian. There are many festivals between Independence Day (15 August) and Christmas, a period called the “festive season”, and the “shaadi season” because of the numerous weddings that take place. Diwali is one of these festivals. Diwali celebrations differ according to the various Hindu sects, individual families, and regions. As a general rule, it celebrates the victory of good over evil, of light over darkness. That is why tiny lanterns or candles, the “diyas” are lit. For many Hindus, Diwali refers to an episode of the Ramayana (one of the great Hindu epics) where Rama’s wife (Rama being an avatar of Vishnu), Sita is abducted by the demon, Ravana, who has taken her to Ranka. With the help of his brother and the monkey god Hanuman, Rama kills Ravana and brings his wife back to Ayodhya. It is her return that Diwali celebrates. But for many Hindus, thimportant festival is dedicated to Lakshmi, the goddess of wealth. One must clean one’s house, and have a special ceremony to attract Lakshmi – or fortune. There are lots of lights and noise since people pop firecrackers and set off fireworks.


For the first time in their lives, the little girls of the orphanage celebrated Diwali, setting off “crackers”, or small fireworks. Until now, they have been observers of the festival rather than participants, watching others having a good time.


The secular festivals are less exciting, but are nonetheless celebrated by schoolchildren. Gandhi and Nehru (the fathers of independence) are revered in India, and have attained a cult status, maintained by various civil institutions and museums. November 14 is a national holiday, and the children attended school only in the morning. Instead of the regular curriculum, they learned about the life of Nehru and his contribution to Indian independence. In the afternoon they were free for dancing and sports.

samedi 31 octobre 2009

L'équipe de l'orphelinat

Il nous paraissait important de vous présenter l’équipe de l’orphelinat, et comme sur nos autres ‘billets’, d’essayer de relier la situation de l’orphelinat à la situation en Inde en général. A ce sujet, nous voudrions préciser que nous ne prétendons jamais vous dire LA vérité sur la situation indienne. Plusieurs membres de notre équipe ont vécu en Inde, et travaillent en relation avec l’Inde. De ce fait, nous pensons avoir un point de vue privilégié, mais en aucun cas exhaustif. N’hésitez pas à donner le votre en commentaire.

L’équipe de l’orphelinat est constituée de 4 personnes : Prema, sa belle-sœur Suma, et deux « servantes » (maids), Lakschmi et Shivamma.

Prema:
Prema et les enfants lors d'une sortie en plein air....

A 42 ans, Prema est la directrice du projet, elle porte la responsabilité d’ensemble, manage sa petite équipe et supervise les différentes dépenses réalisées.

Suma:
Suma est la femme du petit frère du mari de Prema, un médecin. Avec son mari et ses 3 enfants, elle habite dans le voisinage et vient à la maison avant et après l’école. Elle organise le soutien scolaire des enfants, parfois seule, et parfois avec Prema en partageant les enfants en deux groupes. Elle est aussi en charge de superviser la prise des médicaments. Le matin, elle aide les enfants à se changer et à se préparer, en vérifiant qu’ils n’oublient rien !

Lakshmi et Shivamma:
Lakshmi prépare le repas

Lakshmi a 28 ans, elle est originaire du village d’à côté, à 4 km de la ville de Siruguppa. Son mari est décédé il y a quelques années, et ses 2 enfants sont morts de maladie. Shivamma est la plus âgée du groupe avec quelques 65 ans (approximativement). Elle travaille depuis plus de 25 ans auprès de Prema et l‘a aidée à mettre ses enfants au monde. Lakshmi et Shivamma ne savent ni lire, ni écrire (Lakshmi a appris récemment à écrire son prénom en Kannada et en Anglais). Toutes deux sont en charge de l’entretien au quotidien de la maison : laver les vêtements, la maison, faire la cuisine, la vaisselle, donner à manger aux enfants, les laver, les tâches ne manquent pas ! Le soir, Lakshmi et Shivamma dorment juste à côté des enfants. Si l’un d’entre eux veut aller aux toilettes, elles sont là pour s’en occuper.

Shivamma applique une lotion dans les cheveux des enfants

A la maison, il y a également Shiny, la fille cadette de Prema, actuellement en seconde (10th standard selon le système scolaire indien). Steffi, la fille aînée de Prema est à Bangalore (environ 10 heures de bus de Siruguppa), où elle suit des études d’infirmière. Elle revient à la maison une semaine tous les 2 mois environ. Le fils de Prema est décédé voilà maintenant 2 ans d’une leucémie. Quelques heures par jour une autre « servante » payée par la maison s’occupe de tout ce qui relève de la famille.

Il faut savoir qu’en Inde, le « personnel de maison » est beaucoup plus courant qu’en Europe, et à un statut un peu différent. C’est un système qui est en fait encore très féodal, ce qui peut parfois présenter des avantages, mais qui bien sûr, peut faire des domestiques, et en particulier des femmes, des victimes de différentes formes d’exploitation. Toutefois, cela peut avoir des effets positifs, il est ainsi très courant que toute une famille loge sur place, et entretienne donc des liens très forts avec leurs « patrons ». C’est ainsi le cas de Shivamma, qui travaille à l’orphelinat. Toutefois, certains aspect de la domesticité en Inde sont choquants du point de vue européen, ou à tout point de vue d’ailleurs. Les affaires de viols ne sont malheureusement pas rares, de même que le travail des enfants. D’après un rapport du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), 40% du personnel de maison serait constitué de jeunes filles âgées de moins de 15 ans. Ce problème ne suscite encore que peu d’intérêt en Inde (ou au Pakistan, ou d’après mes observations, la situation est similaire), mais j’ai pu noté dans les dernières années que la question commençait à être véritablement prise en compte (malheureusement suite à certains scandales retentissants).

Pour en savoir plus, un article du journal The Hindu:
http://beta.thehindu.com/business/Economy/article17867.ece

The staff of 4 at Ingrid Jeevana Nava includes Prema, Suma, and two helpers: Lakshmi and Shivamma. Prema, 42 is the organization’s director and manager. Prema has become a community leader through her work with Hosa Balu. With a degree in Social Work, she has been extremely successful in counseling individuals and families, even those who are not devadasis. She has two daughters: Steffi who is a nursing student in Bangalore, and Shiny, a junior in high school (10th standard in the Indian school system). Her son died tragically two years ago from leukaemia. Suma, Prema’s sister-in-law, is a mother of three, and lives in the neighborhood. She comes to the orphanage in the morning to help prepare the children for school, and is present when they return from school in the afternoon. Prema and Suma share the responsibility of overseeing the children’s schoolwork. Suma is in charge of administering any medication the children might need.

Lakshmi is 28, and comes from a village 4 kilometers from Siruguppa. Her husband and two children are deceased. Shivamma, 65, has been with Prema for more than 25 years, and even helped with the birth of her children. Both Lakshmi and Shivamma are illiterate. They are in charge of maintaining the house, cooking, dishwashing, laundry, feeding and bathing the children. They sleep with the children, so there is supervision at all times.


lundi 26 octobre 2009

Présentation des fillettes de l'orphelinat

Une de nos petites pensionnaires

14 petites filles ont rejoint l’orphelinat, elles ont entre 4 et 7 ans. Pour la plupart, il s’agit de petites filles de devadasis, autrement dit de prostituées sacrées (intouchables). La plupart de leurs mamans sont soit en phase terminale du sida, soit déjà décédées. Les quelques filles qui ne sont pas de familles de devadasis ont des histoires plus que lourdes : la maman est morte, le papa alcoolique qui ne travaille pas envoie la fille de 4 ans mendier autour des maisons entre 6h et 9h du matin, puis autour de l’arrêt de bus pour qu’il ait à manger et qu’il puisse se soûler… Il s’apprêtait à la violer quand des travailleurs sociaux du village sont intervenus, pour aboutir à un accord de sa part pour qu’elle séjourne dans l’orphelinat. Une autre passait ses journées à ramasser les légumes pourris jetés par terre sur la place du marché pour avoir de quoi faire la cuisine pour sa grand-mère et elle-même. Après check-up, il est certain aujourd’hui qu’aucune des petites filles n’a le sida (condition d‘admission à l‘orphelinat), et aucune n’a été violée.

D’une façon générale, la situation des femmes, et des fillettes est assez difficile en Inde, même s’il ne faut pas toujours sombrer dans les clichés. Toute personne qui a visité l’Inde a pu voir que les femmes étaient présentes dans l’espace public, elles ont investi le marché du travail, et les hauts niveaux de la vie politique. Toutefois, il n’en demeure pas moins, qu’une grande partie des femmes indiennes souffrent de discrimination à tous les niveaux, et ceci avant même leur naissance. D’après le dernier recensement (2001), les femmes ne constituent que 48% de la population indienne, ce qui est une anomalie démographique importante. Ceci est en partie dû au fait du phénomène du ‘foeticide’, c'est-à-dire la sélection des embryons males. La volonté d’avoir des fils est liée à de nombreux facteurs, tout d’abord, religieusement, il est nécessaire pour les hindous d’avoir un fils, car c’est lui qui doit allumer le bucher funéraire. Ensuite, les filles quittent la maison pour rejoindre la famille de leur époux, elles ne sont que des ‘invitées’ dans leur famille, et ne participeront pas (du moins dans la conscience collective) aux revenus du foyer, elles seront au contraire un coût, au travers du phénomène de la dot (don d’argent de la famille de la mariée vers celle du marié lors du mariage). Toutes ces raisons font que les parents préfèrent avoir un fils, et s’ils ne sélectionnent pas les embryons, les études montrent que les dépenses de santé sont moindres pour les fillettes, de même que leur taux de scolarisation.

Ceci explique pourquoi Prema a choisi de se focaliser sur les fillettes, à la fois parce qu’elles courent plus de danger en tant que filles de devadasis (notamment risques d’être prostituées), mais aussi parce que d’une façon générale, les petites filles indiennes partent avec moins de chance dans la vie. Ceci ne veut pas dire que la vie soit facile pour les jeunes garçons de ces milieux, mais Prema avait conscience que la mixité risquait de poser des problèmes d’ici quelques années (quand les enfants deviendront adolescents), à la fois à l’intérieur de l’orphelinat (les cas de harcèlements sexuels d’écolières par leurs camarades de classe ne sont malheureusement pas rares), mais aussi vis-à-vis de la pression sociale de l’extérieur, le statut social de ces fillettes étant déjà, en dépit de leur jeune âge, compromis.


Pour plus d’informations sur les filles en Inde :
Unicef :
http://www.unicef.org/india/media_3285.htm

Le site du recensement indien : http://www.censusindia.gov.in/Census_And_You/gender_composition.aspx

La Banque Mondiale :
http://www.worldbank.org.in/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/SOUTHASIAEXT/INDIAEXTN/0,,contentMDK:21476335~pagePK:141137~piPK:141127~theSitePK:295584,00.html

English version (abbreviated)

Fourteen little girls, between the ages of 4 and 7, have been admitted to the orphanage. For the most part, they are daughters of devadasis, otherwise called “sacred prostitutes,” untouchable women who are either in the terminal stages of AIDS, or already deceased. (N.B. A pre-admission medical examination guarantees that no child in the orphanage has AIDS, and to date, none of them have been raped.)The girls whose mothers are not devadasis, have come from other problematic backgrounds. One child’s mother is deceased, and the father, alcoholic and unemployed. He was sending his four-year old daughter to beg for money in the village between 6 and 9 in the morning to buy food and… alcohol. He was in the verge of raping her when the village social workers intervened, and convinced him to let her go to the orphanage. Another child, whose mother is also deceased, spent her days foraging for vegetables left on the ground from the village market, in order to feed herself and her grandmother.

Generally speaking, the situation of women and girls in India is problematic. Anyone who has visited India can see that women are highly visible in the public arena: in the workplace and in high levels of political life. However, a great number of Indian women suffer from discrimination, even before their birth. According to the last census (2001), women constitute only 48% of the total population, which is a striking demographic anomaly. This is in part due to “foeticide”, or choosing to eliminate female foetuses. There are several reasons why a male child is preferred. The first is religious: the son lights the funeral pyre. Secondly, when a girl marries, she leaves the home to live with her husband’s family, and is henceforth considered a “guest” in her parents’ home. She no longer contributes to the economic revenue of their household, and because of dowry obligations to her husband’s family, she becomes a financial burden. For all these reasons, parents prefer having sons, and if they don’t select the sex of the child, in average they will spend less money for the health care and the education of girls. For these reasons, Prema has decided to focus on the girl children, both because, as devadasi daughters, they are destined to become prostitutes themselves, and also because girl children in India are distinctly disadvantaged. This does not mean that life is easy for young boys from this social milieu, but co-habitation in the orphanage of boys and girls could pose problems in the future (when the children become adolescent), inside the orphanage (cases of sexual harassment by male classmates are not unusual), as well as outside, where the social status of these girl children is already compromised.


samedi 10 octobre 2009

Chloé à l'orphelinat - Sept. 2009

Depuis 2004-2005, mon année passée en Inde, je suis retournée deux fois à la rencontre de ces gens avec lesquels jai partagé une certaine tranche de ma vie, à savoir ma vingtième année.


Pour être très honnête, la première fois, il y a deux ans, ce fut une expérience de la frustration, et ce à double titre. Retournant sur place avec mon mari, je nai pas eu le sentiment de réussir à partager avec lui mon vécu, et il a pris en grippe lInde. Quant à moi, cherchant à adapter le voyage à sa présence, je nai pas pris le temps de partager du temps avec les gens qui métaient chers sur place. Bref, jen conclus que je reviendrais, mais seule.


En ce mois de septembre, cette expérience a été pour moi comme passer sous le rideau dune cascade : en un instant partir dun monde, le mien, pour pénétrer celui du village de Siruguppa. Maîtrisant désormais lessentiel des codes du quotidien et de la langue, je me glisse comme un poisson dans leau dans ce mode de vie autre, où lon mange avec les mains et dort par terre, où il ny a pas deau courante et les coupures délectricités récurrentes. Mais ne vous y trompez pas, de mon point de vue, le confort de vie est fort pour moi sur place : pas de cuisine, de vaisselle, de ménage et autres corvées du quotidien


Mon séjour avait deux vocations : retrouver les gens que je connaissais et faire un point sur lorphelinat qui a ouvert cette année dans ma famille daccueil avec 14 petites filles de 4 à 7 ans.


Premiers sentiments : une admiration pour la qualité de vie de lorphelinat, où les petites filles sépanouissent, sourient et rient entourées dénormément daffection. Je dois dire que je suis énormément fière davoir permis à nos donateurs dy contribuer. En finançant un tiers des dépenses de lorphelinat, avec Siwol nous sommes un contributeur majeur du projet. Rythme de vie, entre sport, jeux et études, le tout avec une hygiène de vie incroyablement incomparable avec celle de leur milieu dorigine et beaucoup dattention et daffection. Bien sûr, tout nest pas parfait, lorsque les finances seront un peu moins justes, lalimentation pourra être enrichie, et Prema la directrice nest pas un as du reporting précis et rigoureux, même si elle fait des efforts certains. Mais ce que jen retiens, cest quà leur arrivée, les enfants ne souriaient pas et ne parlaient guère. Quelques unes des petites filles étaient dans un état de santé si déplorable quon peut imaginer que selon toute probabilité, par carence de soins sans le projet elles ne seraient plus là. Alors constater leurs explosions de plaisir et leur faire des câlins ne peut que memplir de joie.


Côté retrouvailles, en revanche, pour moi cest plus difficile. La caractéristique première que je ressens de la pauvreté ambiante de la région, lune des plus pauvres de lInde, ça nest pas lalimentation carencée des uns et des autres, ni létat de santé déplorable de tous, si souvent malades et de manière parfois grave. Tout ca, je my fais, si lon peut sexprimer ainsi. Non, pour moi, la pauvreté cest la violence et la mort, le mari qui ébouillante le vagin de son épouse, lautre qui veut assassiner sa femme, et les morts en pagaille, qui du présumé futur prof de musique de lorphelinat, qui de la famille dune des orphelines, qui le voisin atteint du sida. Toutes ces femmes qui ont pleuré dans mes bras durant ces quelques semaines, qui pour beaucoup nen peuvent plus, et pour certaines pensent sérieusement à se suicider. Pour deux ou trois, les nouvelles sont bonnes, mais cest plutôt lexception que la règle. « Ce nest pas ton monde, non, ce nest vraiment pas notre monde », dit Olivier, mon mari. Oui, et après ?


Un grand cri dans le vide. Et puis plus rien.

English version:
I spent 2004-2005, my twentieth year, in Siruguppa, India. Since then, I have returned twice to see the people with whom I shared this important life experience. My first visit turned out to be quite frustrating. My husband accompanied me. He disliked India, and I was unable to share with him the meaning of what I had experienced in 2004-2005. I was so preoccupied with making things pleasant for him that it was difficult for me to interact with my Indian friends with whom I had become extremely close. I decided that next time I would return alone.

I returned to Siruguppa again this September. The transition from my easy and comfortable world to one where there is no running water, frequent power shortages, where people eat with their fingers and sleep on the floor, was radical. However, since I am now totally familiar with Indian customs, and speak the local language (Kannada) fluently, I no longer feel like a fish out of water. And there is a certain compensation for all this apparent discomfort in not having to cook, wash dishes, and do other domestic chores!

The purpose of my trip was two-fold: to see my Indian friends, and to take stock of the orphanage which opened this year in my host family’s home, an orphanage which currently has 14 little girls aged 4 to 7.

What first struck me is the quality of life in the orphanage. The little girls are lively and happy, and are blossoming in an extremely affectionate environment. When they first arrived, they never smiled, and hardly spoke. A few of them were in such deplorable health they probably wouldn’t have survived had they not been admitted to the orphanage. It warmed my heart to see them so happy, and so open to affection from others. The regimen of studies, games, sports, and proper hygiene, along with lots of attention and affection, is a far cry from the life they left behind. Of course, things are not perfect, but when finances are on a more sure footing, there will be improvements, such as in the children’s nutrition. I must say I am proud to have encouraged our donors to contribute. Siwol is the orphanage’s primary sponsor, financing one-third of its expenses.

Returning to Siruguppa was, however, not entirely happy. There is widespread poverty in the region ( one of the poorest in India), malnutrition, disease (primarily AIDS), and other serious health-related problems. I dare say this might almost be tolerable, but compounded with domestic violence and death, the situation is truly dire. A man wants to murder his wife, another one succeeds, a husband pours boiling water on his wife’s vagina etc. Many of the women I saw during my visit were desperate, and tearfully told me they were seriously thinking of committing suicide. For a few of them, life is looking up, but they are the exception not the rule. “It’s not your world, no, it is really not our world, says Olivier, my husband. Maybe, but so what ?
A big cry in the dark. And then nothing.

- Chloé-

dimanche 27 septembre 2009

Quelques photos et nouvelles

Chloé, une des membres de notre association, est en ce moment même à Siruguppa, pour visiter l'orphelinat. Elle devrait nous ramener des nouvelles fraiches d'ici peu...
En attendant, quelques photos prises lors de la visite de donateurs allemands à l'orphelinat. Les enfants étaient ravis de les rencontrer, et se sont prêtés avec plaisir au jeu des photos:


Et ils se sont admirés avec encore plus de plaisir!



Enfin, pour vous remercier de votre soutien, et vous permettre d'admirer leur écriture (alors qu'ils sont pour la grande majorité d'entre eux scolarisés pour la première fois):



samedi 11 juillet 2009

Juin 2009 : Ouverture officielle de l’orphelinat !

Les enfants de l'orphelinat Ingrid Nava Jeevana, équipés pour la rentrée scolaire!

L’orphelinat a été officiellement inauguré en juin 2009, pour le moment, l’infrastructure est simple, une maison de Siruguppa, petite ville du nord du Karnataka (dans le district de Bellary). Mais les enfants sont tous là, et équipés pour l’école, qui a déjà repris en Inde.

La cérémonie d’inauguration a réuni tous les acteurs de ce projet, dont les enfants, ainsi qu’un certain nombre d’acteurs de la vie locale. Le moment des discours a sans doute été un peu long pour les enfants, mais ils étaient ravis de la petite fête, et ont « posé » avec joie pour les photographes. Voici les photos du premier mois d'existence de Ingrid Nava Jeevana:

Pendant la cérémonie d'inauguration, certains somnolent un peu...




Bien entourés, les enfants prennent confiance en eux...


...et semblent s'être adaptés à leur nouvel environnement



mercredi 3 juin 2009

Nouveau projet: l'orphelinat Ingrid Nava Javeena

Ganagamma (4 ans): Une des jeunes "pensionnaires" du nouvel orphelinat



Depuis le début de l’année 2009, SIWOL soutient le projet Ingrid Nava Jeevana qui a pour vocation de recueillir et instruire les orphelins de famille de prostituées « traditionnelles » (devadasis). En effet, les conditions de prostitution des mères les amène à contracter le virus du sida lors de relations non protégées. Alors que Hosa Balu, en partenariat avec une association locale, a déjà essayé de travailler sur ce sujet avec les devadasis, ces dernières restent terriblement démunies pour imposer des relations sexuelles protégées aux hommes alors qu’elles vivent dans la misère. Le risque qu’elles transmettent le virus à leurs enfants est relativement élevé ; d’autre part, il est encore très difficile de franchir le pas du dépistage pour beaucoup d’entre elles (les rumeurs vont vite si on les voit à l’hôpital) et, même si elles savent qu’elles sont malades, elles n’ont pas les moyens de se soigner. Conjugué aux effets de la malnutrition, du manque d’hygiène, des avortements et maladies répétées, le sida et le manque de soin expliquent leur faible espérance de vie.

Leurs enfants se retrouvent dans des situations insoutenables : pour aider leur mère, la majorité part travailler très précocement dans les champs et n’a aucun accès à l’éducation. Les filles peuvent être consacrées devadasis très jeunes, afin de pouvoir les offrir aux hommes dès leurs premières règles. En cas de décès de leur mère, en l’absence de père, il n’est pas sûr que les enfants disposent d’une quelconque famille pour les recueillir : en effet, les grands-mères, devadasis elles aussi, décèdent généralement jeunes. Livrés à elles-mêmes, ces fillettes n'ont pas d’avenir devant elles. La situation est difficile pour les garçons également, mais ils ne courent pas le risque de devenir des dévadasis, et ont un peu plus de chances de s'en sortir. Nous reviendrons par la suite sur les raisons du choix d'aider prioritairement les filles.

L’orphelinat Ingrid Nava Jeevana se propose de recueillir et d’offrir un toit et une éducation à ces fillettes. L’ambition du projet repose sur deux aspects essentiels :
- en leur offrant une maison, un accès aux soins, de la nourriture en quantité et qualité suffisante, l’orphelinat permettra aux enfants de bénéficier d’un environnement sain dans lequel grandir et s’épanouir
- leur inscription dans une école privée où l’enseignement se fait en anglais (« English medium school ») constitue une garantie de qualité pour leur éducation et la possibilité d’accéder à des études ou une formation professionnelle.

Le premier projet de SIWOL: Hosa Balu


En langue kannada (langue officielle de l'Etat du Karnataka), Hosa Balu signifie "nouvelle vie". L'objectif de ce projet était donc d'offrir une nouvelle vie à des prostituées "traditionnelles" ou "sacrées" que l'on appelle devadasis dans le sud de l'Inde.


Depuis juillet 2002 et pendant 6 ans, le projet Hosa Balu a travaillé avec les devadasis (prostituées sacrées du sud de l’Inde) pour améliorer leurs conditions de vie et, à terme, empêcher la transmission héréditaire de leur métier. Intouchables, femmes et sans appui familial, les devadasis cumulent les handicaps, ce qui fait d’elles une des populations indiennes les plus déshéritées. Dans la région d’action de Hosa Balu, (30 villages au total) elles sont ainsi 950, pauvres parmi les pauvres dans une zone déjà réputée pour son sous-développement.

Les objectifs de Hosa Balu à leur égard étaient doubles :
Enrayer la transmission héréditaire du statut et du métier de devadasis, ce qui passe par un double travail, avec les mères et avec les filles ;
Améliorer les conditions de vie des devadasis, tant au niveau de la santé, du travail, de l’éducation et de la représentation de soi.

La concrétisation de ces objectifs avait été mise en œuvre grâce à plusieurs stratégies.
Premièrement, une stratégie de responsabilisation et d’autonomisation : transmission de savoirs et de savoirs-faires, accompagnement, mise en relation avec des personnes-ressources.
Deuxièmement, une stratégie de collaboration avec le réseau local, pour améliorer l’accès des devadasis à ses facilités.
Enfin, une stratégie de mixité sociale entre devadasis et monde jusque là « extérieur. »

Différents programmes devaient permettre de concrétiser ces objectifs :
- micro crédit et formations professionnelles ponctuelles pour donner d’autres alternatives économiques aux devadasis
- formations de couture et formation diplômante d’infirmière pour les jeunes filles, et cours du soir et distribution de cahiers et livres aux enfants pour qu’ils puissent étudier.

La santé, problème-clef des devadasis, était un autre axe du projet : MST, malnutrition, hygiène déplorable, avortements répétés et faibles accès aux soins se conjuguent pour faire des devadasis l’une des populations à l’espérance de vie la plus faible. Face à un problème d’une telle ampleur, l’action de Hosa Balu ne peut être que marginale, mais passe néanmoins par deux stratégies : l’amélioration de l’accès au système de soins et la résolution des problèmes de santé des prostituées.

Hosa Balu était donc un projet dont les stratégies étaient clairement définies et dont l’action bénéficiait déjà d’une certaine ancienneté. Toutefois la directrice d’Hosa Balu a préféré clore l’association afin de pouvoir lancer un nouveau projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps…

samedi 2 mai 2009

Siwol: Notre projet

SIWOL est un acronyme qui signifie Support Indian Women’s Life.

SIWOL est une association loi 1901, créée en 2005, et nous sommes aujourd’hui quatre à la faire vivre, avec l’aide de généreux donateurs, et d’autres soutiens ponctuels. A l’origine de cette association, il y a la rencontre de chacune d’entre nous avec l’Inde, et l’envie, à notre retour de longs séjours dans ce pays, de préserver ce lien d’une façon constructive.


SIWOL est née d’une triple volonté :
Participer au développement d’un pays émergent, l’Inde ;
Promouvoir l’amélioration de la condition féminine, préalable à tout réel développement;
Pallier au problème récurrent de la continuité du financement d’actions « humanitaires ».

Notre objectif est donc d’aider des projets indiens portant sur les femmes, d’une part en recherchant des soutiens français à ces actions, d’autre part en apportant un soutien technique et logistique aux associations soutenues.



Durant la première phase de son activité, SIWOL s’est focalisé sur la construction de la viabilité financière de Hosa Balu, projet du nord du Karnataka, visant à soutenir les devadasis, des « prostituées sacrées » du sud de l’Inde. Nous connaissions bien ce projet car l’une de nos adhérentes avait elle-même travaillé pour cette association et avait gardé un lien privilégié avec la fondatrice de cette association. Néanmoins, en 2008, Hosa Balu s’est dissoute et sa responsable a choisi de monter un nouveau projet, l'orphelinat Ingrid Nava Javeena, que nous soutenons aujourd'hui.

Outre la collecte de fonds, SIWOL s’est attachée à sensibiliser le public français à la situation des femmes en Inde et notamment des devadasis. Ainsi, SIWOL a organisé une soirée sur le thème « les devadasis : prostituées sacrées du Sud de l’Inde ». Nous avons notamment organisé des conférences, mais aussi des soirées culturelles, etc.