Retrouvez SIWOL sur Facebook !

mercredi 3 juin 2009

Le premier projet de SIWOL: Hosa Balu


En langue kannada (langue officielle de l'Etat du Karnataka), Hosa Balu signifie "nouvelle vie". L'objectif de ce projet était donc d'offrir une nouvelle vie à des prostituées "traditionnelles" ou "sacrées" que l'on appelle devadasis dans le sud de l'Inde.


Depuis juillet 2002 et pendant 6 ans, le projet Hosa Balu a travaillé avec les devadasis (prostituées sacrées du sud de l’Inde) pour améliorer leurs conditions de vie et, à terme, empêcher la transmission héréditaire de leur métier. Intouchables, femmes et sans appui familial, les devadasis cumulent les handicaps, ce qui fait d’elles une des populations indiennes les plus déshéritées. Dans la région d’action de Hosa Balu, (30 villages au total) elles sont ainsi 950, pauvres parmi les pauvres dans une zone déjà réputée pour son sous-développement.

Les objectifs de Hosa Balu à leur égard étaient doubles :
Enrayer la transmission héréditaire du statut et du métier de devadasis, ce qui passe par un double travail, avec les mères et avec les filles ;
Améliorer les conditions de vie des devadasis, tant au niveau de la santé, du travail, de l’éducation et de la représentation de soi.

La concrétisation de ces objectifs avait été mise en œuvre grâce à plusieurs stratégies.
Premièrement, une stratégie de responsabilisation et d’autonomisation : transmission de savoirs et de savoirs-faires, accompagnement, mise en relation avec des personnes-ressources.
Deuxièmement, une stratégie de collaboration avec le réseau local, pour améliorer l’accès des devadasis à ses facilités.
Enfin, une stratégie de mixité sociale entre devadasis et monde jusque là « extérieur. »

Différents programmes devaient permettre de concrétiser ces objectifs :
- micro crédit et formations professionnelles ponctuelles pour donner d’autres alternatives économiques aux devadasis
- formations de couture et formation diplômante d’infirmière pour les jeunes filles, et cours du soir et distribution de cahiers et livres aux enfants pour qu’ils puissent étudier.

La santé, problème-clef des devadasis, était un autre axe du projet : MST, malnutrition, hygiène déplorable, avortements répétés et faibles accès aux soins se conjuguent pour faire des devadasis l’une des populations à l’espérance de vie la plus faible. Face à un problème d’une telle ampleur, l’action de Hosa Balu ne peut être que marginale, mais passe néanmoins par deux stratégies : l’amélioration de l’accès au système de soins et la résolution des problèmes de santé des prostituées.

Hosa Balu était donc un projet dont les stratégies étaient clairement définies et dont l’action bénéficiait déjà d’une certaine ancienneté. Toutefois la directrice d’Hosa Balu a préféré clore l’association afin de pouvoir lancer un nouveau projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps…

2 commentaires:

  1. Comment est vécue la prostitution, à travers les devadasis, dans ces villages du Karnataka ?
    950 devadasis pour une trentaine de villages, cela représente un trentaine de prostituées par village ; quelle est leur place, leur rôle officiel et officieux (si je peux écrire cela); quelles relations peuvent-elles avoir avec les autres femmes dans ces villages ? Comment sont considérés leurs enfants (en dehors du fait d'être intouchables, les unes et les autres) ?
    Vous évoquez les violences dont sont victimes les femmes (pas seulement les femmes, cf le prof de musique) ; cela ne touche pas que les devadasis je suppose.
    Enfin, est-ce que le Karnataka est un lieu un peu à part ou bien ce type de situation peut-il être généralisé à l'Inde toute entière ?
    Merci de toutes vos précisions.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Anne,

    Je n'avais pas vu votre premier commentaire, désolée. Nous allons faire un post sur les devadasis prochainement, donc je ne vais pas ici rentrer dans les détails.
    Le système de devadasis est typique de l'Inde du sud, ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe pas au nord des 'dancing girls', mais elles ne sont pas consacrées à la déesse (au nord, beaucoup de 'courtisanes' étaient d'ailleurs musulmanes). Il faut savoir que ce système de prostitution a par ailleurs beaucoup changé depuis la fin du 19ème siècle, époque à laquelle les devadasis avaient un meilleur statut social. Aujourd'hui, ces femmes souffrent à la fois de leur profession socialement 'indécente' et de leur statut de femmes pauvres (généralement intouchables et donc au plus bas de l'échelle socio-religieuse). Tout le monde au village a conscience de leur existence, mais les femmes respectables ne sont pas censées les fréquenter.
    Leurs enfants étant à la fois marqués par leur illégitimité, la pauvreté et le même statut de caste, ils ne sont pas particulièrement bien acceptés et de toutes les façons ils doivent rapidement subvenir à leurs besoin en travaillant (il n'est pas question pour eux d'aller à l'école de toutes les façons).
    J'espère que cela vous éclaire, plus de détails dans notre post sur les devadasis...

    RépondreSupprimer