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lundi 16 mai 2011

L’école et l’orphelinat

Nous voudrions revenir sur l’une des choses qui nous donne le plus de satisfaction, à savoir la facilité avec laquelle la grande majorité des petites filles s’est intégrée à l’école, et semble prendre du plaisir à l’école. Et par la même occasion, nous voulions revenir (rapidement) sur le système éducatif indien.

Comme vous pouvez le voir, l'uniforme est de mise en Inde

L’Inde est connue pour l’excellence de son système d’éducation supérieure, et il est vrai que les universités y sont de très bon niveau. Malheureusement, depuis l’indépendance en 1947, le développement de l’éducation au niveau primaire n’a pas été aussi satisfaisant. Les économistes Jean Drèze et Amartya Sen ont montré que malgré un investissement important de l’Etat dans l’éducation (environ 11% du budget), il n’a pas été possible de créer un système fonctionnel d’éducation primaire, notamment en zone rurale ; que ce soit en amenant les parents à inscrire et envoyer leurs enfants à l’école, mais aussi en ayant des enseignants de bonne qualité (et présents dans les classes). De ce fait, seuls 63% des adultes sont alphabétisés (Banque Mondiale), et la situation est pire pour les filles (50,3% en 2000), même si leur alphabétisation progresse aujourd’hui plus vite que celle des garçons. On explique souvent cela par la moindre valeur des filles pour les familles, qui ne voient pas l’intérêt de les éduquer. Toutefois, une autre raison est que, surtout quand elles grandissent, les filles peuvent être victimes de harcèlement dans les transports, et les parents souhaitent donc les protéger. L’éducation des filles est d’ailleurs une des priorités du gouvernement indien, qui a aussi passé une loi en 2009 visant à systématiser la scolarisation jusqu’à l’âge de 14 ans.

Depuis leur arrivée à l’orphelinat, les petites filles sont scolarisées en maternelle dans une école « en anglais », à côté de la maison. Leur langue maternelle est le kannada, mais le fait d’être dans une « English Medium School » peut être considéré comme indispensable pour qu’elles aient accès à un enseignement de bon niveau et qu’elles puissent suivre des formations poussées plus tard. Les formations post-bac sont d’ailleurs quasiment toutes en anglais. En Inde, nation multilingue, l’enseignement peut soit être fait principalement en hindi (langue nationale), en anglais (langue officielle supposément transitoire) ou dans la langue de l’Etat (l’Inde étant une fédération, chaque Etat peut avoir sa ou ses langues officielles, choisies dans la liste des langues dites constitutionnelles). Mais quelque soit la langue, le curriculum reste le même, et dans toutes les écoles l’apprentissage de l’hindi et de la langue officielle de l’Etat (ici le kannada) est obligatoire. Comme au moins 30% des écoliers indiens, les filles sont scolarisées dans une école privée, car le niveau de l’école publique est très mauvais (enseignants absents ou ne faisant pas cours, bâtiments en très mauvais état, etc.).

L’Inde est connue pour l’excellence de son système d’éducation supérieure, et il est vrai que les universités y sont de très bon niveau. Malheureusement, depuis l’indépendance en 1947, le développement de l’éducation au niveau primaire n’a pas été aussi satisfaisant. Les économistes Jean Drèze et Amartya Sen ont montré que malgré un investissement important de l’Etat dans l’éducation (environ 11% du budget), il n’a pas été possible de créer un système fonctionnel d’éducation primaire, notamment en zone rurale ; que ce soit en amenant les parents à inscrire et envoyer leurs enfants à l’école, mais aussi en ayant des enseignants de bonne qualité (et présents dans les classes). De ce fait, seuls 63% des adultes sont alphabétisés (Banque Mondiale), et la situation est pire pour les filles (50,3% en 2000), même si leur alphabétisation progresse aujourd’hui plus vite que celle des garçons. On explique souvent cela par la moindre valeur des filles pour les familles, qui ne voient pas l’intérêt de les éduquer. Toutefois, une autre raison est que, surtout quand elles grandissent, les filles peuvent être victimes de harcèlement dans les transports, et les parents souhaitent donc les protéger. L’éducation des filles est d’ailleurs une des priorités du gouvernement indien, qui a aussi passé une loi en 2009 visant à systématiser la scolarisation jusqu’à l’âge de 14 ans.

Depuis leur arrivée à l’orphelinat, les petites filles sont scolarisées en maternelle dans une école « en anglais », à côté de la maison. Leur langue maternelle est le kannada, mais le fait d’être dans une « English Medium School » peut être considéré comme indispensable pour qu’elles aient accès à un enseignement de bon niveau et qu’elles puissent suivre des formations poussées plus tard. Les formations post-bac sont d’ailleurs quasiment toutes en anglais. En Inde, nation multilingue, l’enseignement peut soit être fait principalement en hindi (langue nationale), en anglais (langue officielle supposément transitoire) ou dans la langue de l’Etat (l’Inde étant une fédération, chaque Etat peut avoir sa ou ses langues officielles, choisies dans la liste des langues dites constitutionnelles). Mais quelque soit la langue, le curriculum reste le même, et dans toutes les écoles l’apprentissage de l’hindi et de la langue officielle de l’Etat (ici le kannada) est obligatoire. Comme au moins 30% des écoliers indiens, les filles sont scolarisées dans une école privée, car le niveau de l’école publique est très mauvais (enseignants absents ou ne faisant pas cours, bâtiments en très mauvais état, etc.).

A leur arrivée à l’école, la directrice Prema a du plusieurs fois avoir des discussions sérieuses avec l’équipe enseignante. Comme les professeurs savaient que la plupart des fillettes étaient de famille de devadasi, elles ne leur prêtaient aucune attention. En plus de cela le bâton est une habitude d’enseignement encore très tenace en zone rurale, et souvent les filles se faisaient taper sur les doigts pour un oui ou pour un non. La violence de l’enseignement est aussi un des facteurs qui explique pourquoi les parents sont réticents à envoyer leur fille à l’école.

Aujourd’hui toutefois, les enseignants ont radicalement changé leur attitude vis-à-vis des pensionnaires de l’orphelinat : ils s’appuient systématiquement sur les fillettes, et ce dans tous les domaines. Pour les cours (Calcul, anglais, kannada, et autres), elles sont toujours dans les premières et elles tirent le niveau vers le haut. Pour les activités de l’école de type danse, sport ou autres, elles sont très disciplinées et organisées.

L'uniforme blanc, pour les fins de semaine...

Le niveau acquis est très impressionnant pour des occidentaux. Elles savent déjà écrire les différents alphabets (anglais, kannada) et écrire des phrases dans les différentes langues. Elles connaissent bien leurs tables de multiplication, tous les mois de l’année, et ce dès 4 ou 5 ans... La méthode d’apprentissage peut être assez déconcertante en revanche : c’est le règne du par cœur en permanence à l’école. Dans la mesure du possible, la directrice essaie d’amener les fillettes à comprendre ce qu’elles apprennent, par exemple à savoir dire quel mois vient avant et quel mois vient après, ou à savoir les réciter dans l’ordre inverse. Elle est aussi très attentive à leur bien être, et elle n’a pas hésité à faire redoubler une des filles, dont elle sentait qu’elle ne serait pas à l’aise si elle passait dès l’année prochaine (l’année scolaire est finie en Inde) au niveau supérieur.

Au début, les fillettes se tenaient très éloignées des garçons à l’école, beaucoup plus que ce que faisaient les autres filles de leur âge. Elles restent très marquées par leur vécu. La directrice leur a expliqué qu’elles pouvaient sans problème se mélanger avec les garçons et discuter avec eux, qu’il n’y avait rien de mal à cela, et progressivement elles en sont venues à perdre cette crainte et cette distance. Nous sommes donc très fières de voir que non seulement l’école leur permet d’acquérir des savoirs, mais aussi de la confiance en elles, dans les autres, et de se socialiser au sens plein du terme !