« Vous
qui vous intéressez à l’Inde, vous parlez indien ? » On entend
parfois cette question, mais malheureusement, pour parler « indien »,
il faudrait avoir appris au moins 22 langues ! Le hindi, le tamoul, le
bengali, l’ourdou, le pendjabi, le kannada… Le pays compte en effet 22 langues reconnues
par la Constitution. Si l’on prend en compte toutes les langues et dialectes
répertoriés lors du recensement de la population, on arrive au chiffre
vertigineux de plus de 1 600 ! Et bien sûr, ces langues s’écrivent souvent
avec des alphabets différents.
Les devoirs de hindi |
Le
hindi est certes la langue maternelle la plus fréquente en Inde mais il ne faut
pas espérer être compris partout dans le pays en la parlant. Au sud de l’Inde,
le hindi est peu utile, sauf si l’on a la chance de tomber sur des musulmans,
qui parlent souvent l’ourdou, une langue très proche de l’hindi, mais qui s’écrit
en caractères arabo-persans et non en devanagari, comme l’hindi. Schématiquement les
langues d’Inde du nord sont des langues indo-européennes, cousines entre elles,
alors que les langues du sud sont des langues dravidiennes. Les langues du nord
sont des cousines lointaines du grec, ce qui les rend plus faciles à apprendre
pour des Européens que les langues du sud. Par exemple, en hindi et en ourdou, « dix »
se dit « das », « nom » se dit « naam ».
Après
l’indépendance (1947), un accord avait été conclu pour faire progressivement disparaître
l’usage de l’anglais dans les enceintes officielles au profit de l’hindi. Mais,
plus de 60 ans après l’indépendance, l’anglais est toujours là, car beaucoup d’Indiens
considèrent la volonté d’imposer l’usage du hindi comme une forme
d’impérialisme du nord. Par ailleurs, l’enseignement supérieur se fait
généralement en anglais, être anglophone est un marqueur social important, et
recevoir une éducation en anglais dès le primaire est donc un avantage, d’où le
choix de Prema d’envoyer les fillettes dans une école où l’anglais est la
langue d’enseignement. Bien que l’écrasante majorité de la population ne parle
pas anglais, de nombreux mots anglais viennent aussi s’immiscer dans les
conversations en langues indiennes, de « school » à « computer
science », en passant par « train ».
L'orphelinat: un espace bilingue anglais-kannada |
Le
kannada, est parlé au Karnataka, et donc à Siruguppa où se trouve l’orphelinat.
C’est donc la langue maternelle d’une majorité des filles (une d’entre elle a l’ourdou
pour langue maternelle). Dans cette ville, on parle aussi anglais, ourdou, et télougou,
une autre langue dravidienne (surtout parlée en Andhra Pradesh, État
limitrophe). En effet, les cinémas de la ville projettent surtout des films
dans cette langue et non en kannada, car la production cinématographique est
plus développée dans l’Andhra Pradesh.
Et on révise l'anglais |
En
ce qui concerne les filles de l’orphelinat, elles suivent donc une scolarité en
anglais, mais dès la petite section de maternelle, elles ont appris à écrire
dans trois langues (avec trois alphabets) : anglais, hindi et kannada. En
dehors de l’école, les fillettes parlent surtout en kannada, mais la directrice
Prema intègre quelques mots d’anglais dans la conversation de tous les jours.
Elles ont pris également l’habitude d’utiliser l’anglais pour dialoguer avec
les Européens en visite à l’orphelinat. Ces deux éléments sont fondamentaux
dans leur apprentissage de l’anglais : leurs camarades de classe ont un
vocabulaire impressionnant, en lien avec leurs méthodes pédagogiques basées sur
le par cœur. Elles connaissent ainsi des termes très précis, mais elles ont du
mal à utiliser la langue anglaise de façon spontanée. En revanche, les filles
sont aujourd’hui assez à l’aise en anglais.
Ce post a été en partie écrit par Béatrice, auteure du blog Sur les pas de Prakash.
Ce post a été en partie écrit par Béatrice, auteure du blog Sur les pas de Prakash.