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mercredi 5 octobre 2016

Les femmes en Inde - partie 2



En novembre dernier, nous vous avions parlé de notre choix de concentrer notre action sur les femmes et les filles (clic). Nous vous avions promis plus de détails, et puis l’actualité avait pris le dessus. Mais nous revoilà pour quelques informations complémentaires, centrées cette fois sur la place des femmes dans la famille. Comme dans le précédent post, il s’agit avant tout du point de vue, forcément subjectif, de Chloé qui a vécu un an à Siruguppa.
Les filles travaillent ensemble
Il faut préciser qu’en Inde, le droit familial est « communautaire », c’est-à-dire qu’hindous, musulmans et chrétiens (ainsi que d’autres communautés) appliquent des règles de droits différentes en matière de mariage, succession et adoption notamment. Le code civil hindou (qui concerne une majorité des habitants de Siruguppa) est aujourd’hui plutôt égalitaire « sur le papier », mais l’application reste compliquée ; par exemple il est courant pour les filles de renoncer à leur part d’héritage, sous la pression, plus ou moins appuyée de leur famille….
Sur la place des femmes dans la famille, Chloé se souvient qu’elle a rencontré bien des femmes qui vivaient des situations personnelles très difficiles. Elle nous dit : « beaucoup de femmes que j’ai pu rencontrer avaient été victimes à un moment ou l’autre de violence conjugale. Même si la violence domestique est un crime en Inde, il est souvent difficile à ces femmes de porter plainte, à la fois du fait du manque de bonne volonté de la police, mais aussi parce que c’est stigmatisant socialement. Aujourd’hui encore il y a très peu de divorces à Siruguppa, et c’est extrêmement mal vu… »

Un graffiti féministe à Delhi (photo personnelle de l'auteure)
En effet, le système familial est le plus souvent patriarcal (même s’il y a des communautés matriarcales en Inde) et patrilocal. Cela veut dire que le plus souvent, les femmes s’installent dans la famille de leur mari, prennent son nom et les enfants portent le nom du père (ces deux derniers points se retrouvent d’ailleurs dans de nombreux pays, comme la France). En cas de décès des deux parents, les enfants sont de la responsabilité de la famille du père. C’est d’ailleurs un sujet qui pose problème pour les familles de devadasis, dont sont originaires un certain nombre de filles de l’orphelinat. Elles n’ont pas de père connu (en tout cas pas officiellement), et en cas de décès de leur mère, elles ne sont donc la responsabilité de personne…
Cependant, encore une fois, cela ne veut pas dire que les femmes n’aient aucune position dans leur famille. Comme nous le dit Chloé, « déjà en 2003, j’avais été très surprise de constater la grande maîtrise des naissances par les femmes. Personne n’utilisait de préservatif (ce qui s’est amélioré depuis heureusement, notamment pour un certain nombre de devadasis), mais les femmes avaient l’habitude de se faire opérer pour une ligature des trompes après 2 voire 3 naissances, et ce de façon volontaire, même si les cas de stérilisations forcées sont assez fréquents dans le reste de l’Inde. De ce fait, à Siruguppa, les familles de plus de 3 enfants sont ainsi rarissimes. »
Manifestation féministe à Delhi, 2016 (photo personnelle de l'auteure)
 Par ailleurs, les femmes s’organisent et s’entraident. Ainsi, Chloé a pu observer que Prema était reconnue comme un leader des femmes à Siruguppa et dans la région, et régulièrement les gens venaient la consulter pour essayer de résoudre des difficultés dans les relations entre les hommes et les femmes. Elle était d’ailleurs aussi bien sollicitée par les femmes directement concernées, que par des pères, des frères, des sœurs, des mères. Pour Chloé, entendre ces histoires douloureuses n’était pas toujours évident, mais en revanche elle appréciait d’entendre Prema proposer des solutions, et de voir les familles évoluer en mettant en place certaines pistes proposées. Ça n’était pas une écoute impuissante, mais une écoute constructive permettant de dénouer des situations inextricables. Les pistes portaient aussi bien sur des interventions du comité d’anciens de la caste ou de la religion, sur des discussions de Prema avec l’homme concerné, sur des sollicitations de la police, des interventions au travail du Monsieur, auprès des parents du Monsieur, un retour temporaire de Madame dans sa famille : toute une palette de propositions sur mesure en fonction des situations. Un conseil fréquent de Prema : les femmes ont intérêt à travailler pour avoir une indépendance financière…

lundi 16 mai 2016

Auto-défense/Self-defense

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Comme nous l’avions déjà évoqué dans ce post, en Inde (comme en France), les femmes souffrent de diverses discriminations, à commencer par le harcèlement de rue. Il est donc important pour les filles et les femmes d’apprendre à se défendre par l’auto-défense, d’autant que cela renforce de façon plus générale leur confiance en elle. Le problème du harcèlement de rue est aujourd’hui assez largement reconnu en Inde, et la majorité des gens souhaitent permettre à leur fille d’acquérir les moyens de se défendre. Par ailleurs, d’après Prema, cela a aussi une utilité pour la réputation des filles au sein du village : une fois que les hommes et les adolescents savent que telle fille est capable de se défendre, ils ont tendance à la laisser tranquille. 
Pour toutes ces raisons, l’équipe d’Ingrid Nava Jeevana a pensé qu’il serait utile d’organiser des cours d’auto-défense pour les filles. Au début, elles étaient un peu timides, voire réticentes, et n’osaient pas se « donner » à fond. Mais progressivement, elles ont vu l’intérêt de ce cours, et ont aussi commencé à y prendre beaucoup de plaisir. Désormais, elles comprennent à quel point l’auto-défense est utile, et elles apprécient l’intérêt d’être en forme et capable de courir rapidement, ainsi que d’être attentive à son environnement lorsque l’on sort. Mais encore plus important, elles ont appris qu’il n’était pas impoli de dire « STOP » à quelqu’un qui vous parle d’une façon inapproprié, et de se défendre d’abord verbalement, mais aussi, s’il le faut, physiquement.
Cela a donc été une expérience très enrichissante, et l’équipe de l’orphelinat espère pouvoir organiser de façon régulière des sessions de formation à l’auto-défense. 
Women in India, as in other countries, suffer from various inequalities, starting with the risk of being harassed (or worse) in the public space (but also in the privacy of their home). It is thus important, and empowering, to learn self-protection skills. There is now much more awareness and open discussion regarding this issue of harassment within the Indian society, and most people are keen to encourage girls in learning self-defense sills. And, according to Prema, it is also useful in terms of reputation within the village: if men and boys come to know that a girl can fight back, they will keep distance. 


That’s why the team at Ingrid Nava Jeevana thought it would be useful to organize self-protection classes for the girls. Initially, the girls felt a little bit shy, and did not dare to really go full strength. But slowly, they started getting more interest into the issue, and also enjoying the classes. They now understand how important it is, and they also appreciate the usefulness of staying fit, being able to run fast, and learning to be attentive to their environment when they go out. But more importantly, they learned it’s not rude to stay “STOP” to anyone talking to you in a way you don’t appreciate, and to stand for yourself!


All in all, this was a very positive experience, and the team at the orphanage hopes to be able to organize such sessions regularly.