Siruguppa
est située au beau milieu du monde rural, la ville est entourée de champs. Mais
quand on parle d’agriculture à Siruguppa, de quoi parle-t-on ?
Juste une
remarque préalable : étant donné la taille de l’Inde et la diversité de
ses climats, ces éléments sont extrêmement locaux et ne pourraient bien sûr
s’appliquer à l’Inde toute entière ! Mais d’une façon générale, il faut
souligner que ce pays est encore très rural et agraire, que les inégalités de
répartitions des terres sont encore et toujours un facteur majeur d’inégalités
sociales, et que les agriculteurs sont particulièrement dépendants des aléas du
climat, dont nous vous avons déjà parlé...
Un champ du Karnataka |
Il s’agit en
très grande majorité de cultures intensives de riz. Quelques champs sont
consacrés également à la canne à sucre et au coton.
Le
« propriétaire terrien » dispose d’un domaine agricole qu’il loue à
un tenancier qui va se charger de l’exploitation des terres : recruter les
groupes de main d’œuvre, acheter les produits (engrais, pesticides, …), donner
les directives aux groupes de main d’œuvre, les payer. Le tenancier est
généralement rémunéré par un pourcentage de ses récoltes, il a donc tout
intérêt à avoir une bonne gestion. L’ensemble de ces cultures sont irriguées
artificiellement par de petits canaux adjacents aux champs, la pluie étant rare
en dehors de la saison des pluies.
Quelques couples
de bœufs tirent encore des charrettes sur les champs. Petit à petit, on a vu
apparaître de plus en plus de tracteurs, mais les cultures demandent encore
aujourd’hui énormément de main d’œuvre.
Certains travaux sont réservés spécifiquement à des groupes de femmes
(repiquer les plans de riz lorsqu’ils grandissent par exemple), et d’autres aux
hommes (sarcler les champs). Les groupes travaillent en chantant, sous le
soleil dardant. Lorsqu’il y a du travail aux champs, les groupes partent très
tôt le matin, chacun emmenant avec lui une
gamelle (tiffin) qui contient leur
repas du midi.
L’agriculture
donne l’impression d’être très loin de considérations « bio » ou
« agriculture raisonnée » ; sans être des experts du sujet, les
engrais et insecticides nous ont donné l’impression d’être très chimiques et
utilisés de façon extensive.
Une rizière au Karanataka |
Quelques
endroits sont plantés d’arbres fruitiers : manguiers, bananiers, etc. On
voit également des cocotiers un peu partout, y compris dans les jardins des
maisons. Mais ces endroits représentent une surface agraire dérisoire quand on
compare à celle occupée par les champs de riz qui s’étalent à perte de vue.
Les élevages
Dans la
région de Siruguppa, il n’y a pas de champs de pâturage. Gardons en mémoire que
beaucoup d’indiens sont végétariens, et que ceux qui mangent de la viande n’en
mangent pas nécessairement des quantités importantes. Toutefois, les animaux
sont aussi très souvent élevés pour leur lait, les œufs et dans le cas des buffles, pour l'aide qu'ils peuvent apporter dans les champs.
Par ailleurs, sur le
marché, on trouve des étals tenus par des musulmans avec du poulet et de
l’agneau. Et en dehors de ces circuits, en s’appuyant sur des réseaux informels
ou des amis, on peut parfois se procurer du poisson, du porc ou du bœuf.
Dans les rues de Siruguppa... |
D’où
viennent tous ces produits ?
Les poulets
sont élevés dans de petites bâtisses où ils sont entassés les uns sur les
autres. Quand aux agneaux, ils proviennent de troupeaux de moutons qui sont
gérés par une caste bien particulière. Cette caste vit à part, avec les
troupeaux, et se déplace chaque jour avec ses derniers, en dormant sous tente
avec femmes et enfants.
En ce qui
concerne le lait, les familles de classes moyennes (et parfois
« moyennes-basses » peuvent s’acheter un ou deux buffles et vendre
son lait aux maisons environnantes. Le buffle dort sur le pas de la porte, ou
dans la première pièce de la maison.
Enfin,
certaines familles appartenant à de basses castes (dites
« intouchables » ou de plus en plus souvent dalit) élèvent des porcs dans leur jardin et revendent la viande à leur
voisinage. Par ailleurs, les chrétiens et les musulmans disposent de leurs
propres réseaux qui leurs permettent de se procurer du bœuf (que très très peu
d’hindous consomment).
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